Expertise • Parfumerie

La parfumerie est-elle un Art, et les parfumeurs sont-ils des Artistes ?

Chez Fragrances Concerto nous tentons de répondre à ce vieux débat qui divise et parfois oppose.

C’est en effet un vieux serpent de mer que nous soulevons là !

Il y a d’un côté les marques de luxe, du moins certaines, qui ont leur(s) propre(s) parfumeur(s) en interne, et qui les présentent comme des artistes, les érigent en héros romantiques, à la fois aventuriers à la recherche de la matière perdue, Êtres dotés d’une sensibilité rare et d’un nez absolu ; puis il y a les sociétés de compositions, qui les présentent comme des experts, des Maîtres artisans, mais ne parlent jamais d’art ou d’artiste.

La différence, c’est que les marques communiquent auprès du grand public au risque d’en faire trop, tandis que les industriels doivent se faire discrets pour ne pas voler la vedette à leurs clients, mais aussi pour ne pas en faire des employés trop privilégiés en termes de statut et de salaire. Il faut dire, aussi, que ce que notre industrie cultive le mieux, depuis ses débuts, outre les fleurs, c’est le secret, en appliquant à la lettre l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés ».

Si en revanche on se place sur le seul terrain de ce qui est « Art » et ce qui ne l’est pas, nous considérons chez Fragrances Concerto, que la parfumerie est bel et bien un art, puisqu’elle est, au-delà d’un long apprentissage, le fruit de l’imagination et que sa vocation est d’embellir la vie.

Mais de là à dire que les parfumeurs sont des artistes, il y a un pas délivat à franchir.

D’abord, ils ne travaillent pas seuls et sont entourés de toutes une équipe de techniciens, d’experts, d’évaluateurs et de technologies qui les aident dans leur travail de création. Ensuite, ils sont généralement employés par des sociétés industrielles ou commerciales, qui restent propriétaires des créations. Dernier point et non des moindres, les enjeux financiers sont toujours au cœur de la démarche, car les parfumeurs répondent à des appels d’offres en vue de gagner un marché industriel. Aucun parfumeur, à notre connaissance, n’est mort pour son art, ou ne s’est amputé pour n’être pas compris par ses contemporains. Et même lorsqu’il est indépendant, et leur nombre ne cesse de croitre depuis quelques années, le parfumeur travaille dans le cadre précis d’un cahier des charges donné par son client.

La démarche du parfumeur est trop contingentée pour se revendiquer comme réellement artistique. Elle est strictement encadrée par les considérations marketing, son prix limite l’usage de certaines matières premières, sa cible limite les territoires d’expression. Sa finalité exclusivement commerciale et industrielle fait de la parfumerie un art vidé de sa substance originelle.

Le parfumeur, lorsqu’il est véritablement animé par une fibre créative, est souvent frappé par une sorte de schizophrénie créative. L’artiste qui réside en lui veut pouvoir exprimer ses idées sans entraves, mais l’artisan qu’il est doit aussi répondre aux besoins d’un marché qui emploie des dizaines de milliers de personnes et qui est l’un des plus gros contributeurs à l’exportation du pays.

Mais n’en était-il pas de même pour les grands maîtres de la peinture de la Renaissance italienne auxquels le principal mécène, l’Église, imposait des Christ en croix et des Annonciations à Marie par dizaines ?  Cela n’a pas empêché Raphaël ou Botticelli d’exprimer leur génie. Nous auraient’ ils offert une facette encore plus grandiose de leur talent s’ils avaient pu faire abstraction des règles morales et religieuses de leur époque ? C’est tout le propos de ce sujet.

Chez Fragrances Concerto, nous considérons que le parfumeur est l’articulation autour de laquelle tout le corps peut s’articuler, et notre manière de répondre à ce dilemme créatif est de prendre les fortes contraintes qui encadrent un projet comme faisant partie intégrante de la démarche créative et dans ce cadre de pousser notre créativité à son optimum.

Publié le 26 septembre 2020